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I comme Immoral (mais pardonné)

Au travers des registres paroissiaux, les prêtres se faisaient les narrateurs des événements et des mœurs de leur époque. L’Église avait tôt fait de juger des bons et mauvais comportements, même si elle ne refusait pas de baptiser les enfants nés de mères célibataires ou moins de neuf mois après le mariage de leurs parents, ni de célébrer les obsèques de ceux qui s’étaient donné la mort, leur trouvant des excuses (la maladie lui avait fait perdre la raison, c’était un bon chrétien, il s’était confessé deux jours auparavant…).

Mais la vie maritale hors mariage n’entrait apparemment pas dans le champ des choses sur lesquelles la morale catholique pouvait fermer les yeux. En témoigne cette attestation trouvée dans le registre des mariages de Borso et datée du 13 août 1654 :

Essai de transcription :

Marcus Marchianus Abbas I.V.D. et in xxx. equalibus et temporalibus xxx
si concede licenza al R(everen)do parocho al qual s’uspitta de possi assolver dal caso ritornato nel qualo sono
incorsi Giacomo figlio di Bastian Bassanello e Madalena figlia di Fran(cesc)o Buscarda, ambi doi della cura
di Borso, facendoli star separati l’uno dall’altro, sino alla celebrazione del matrimonio, dandoli
una penitenza salutare, e che diano due candelotti di cira bianca di due lire l’uno per la scola del
sanctissimo sacramento il che fatto potrà celebrare il matrimonio trà li detti, fatto che saranno
le solite publicazioni, et nel resto servatis servandis. Inquor fidxx
Datum Padua ex e(pisco)pali Palatio die 13 Augusti 1654
Marcus Marchianus abbé xxx
Autorisation est donnée au révérend prêtre d’absoudre la situation dans laquelle se trouvent
Giacomo fils de Bastian Bassanello et Madalena fille de Francesco Buscarda, tous deux de la paroisse
de Borso, en les faisant se séparer l’un de l’autre jusqu’à la célébration du mariage, en leur infligeant
une pénitence salutaire et en leur faisant déposer deux cierges de cire blanche de deux lires chacun pour l’école du
très saint sacrement. Il pourra alors célébrer le mariage entre les deux sus-dits, en faisant
les publications habituelles et tout ce qui est nécessaire.
Fait à Padoue dans le palais épiscopal le 13 août 1654

Les deux “coupables” ont dû s’exécuter sagement et mériter leur absolution, car la pénitence n’a pas duré trop longtemps. Leur mariage a en effet été célébré le 18 août de la même année, comme en atteste le registre de la paroisse. Le jugement aura somme toute été clément, deux cierges et sans doute quelques prières ayant suffi à sauver les pécheurs des flammes de l’enfer.

2 commentaires

    • venarbol

      Effectivement, 5 jours de séparation et deux cierges, on a vu pire comme pénitence. Comme quoi l’église sait être indulgente. Il faudrait quand même que je vérifie si un “prématuré de 5 kg” n’aurait pas été baptisé moins de 9 mois plus tard.

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