Les professions

    • La quasi totalité de mes ancêtres dont l’activité figure clairement sur les documents paroissiaux sont dits “villico”, terme qui signifie : paysan, agriculteur. Parfois, ce terme est remplacé par “possidente”, ce qui illustre le fait qu’ils étaient propriétaires de leurs terres.Les diverses familles possédaient en effet des biens fonciers, comme en attestent de nombreux actes notariés d’acquisition ou de cession. En 1472, la famille de Biasio del Schiva (Andreatta) possédait plus de 100 campi (unité de surface utilisée durant la République de Venise), soit plus de 50 hectares, de biens fonciers situés à Fietta, Crespano, Paderno ou Fonte.En 1519, selon un inventaire des biens ruraux enregistré par les autorités d’Asolo, Benedetto de Cogno possédait à Borso et dans les environs plus de 40 parcelles, pour une superficie totale de 29,75 campi trevigiani, soit environ 15 hectares.Cette activité agricole est peut-être à l’origine du surnom “Paesan” donné à l’une des branches de la famille Vedovotto, à moins que ce surnom ne soit lié à l’autre sens du terme, équivalant à “compatriote”.Selon les époques, cette activité agricole semble avoir procuré aux familles des revenus très variables. Entre le XVIe et le milieu du XVIIIe siècle, elle semble avoir été suffisamment lucrative pour permettre aux familles de vivre. Outre les activités pastorales, la population s’emploie au travail de la laine, au tissage, à la fabrication de charbon de bois. Certains émigrent chaque année durant plusieurs mois à Padova ou dans d’autres cités de la Sérénissime, car les activités manquent “au pays”. Il arrive qu’ils s’y établissent définitivement. A la fin du XVIIIe siècle, ces agriculteurs ont vu leur situation décliner au point d’être souvent contraints à l’émigration.

 

  • Les familles Guadagnini de Crespano et Fietta de Paderno et Asolo ont bâti leur fortune sur l’artisanat de la laine et le commerce de toiles. Le tissage de la laine à Crespano est documenté depuis 1322. Au XVIIe siècle, la ville était réputée pour ses productions de “panni alti”, des toiles de feutre épais très recherchées, qui étaient pour la plupart expédiées vers Venise.Cette activité liée au textile est encore marquée au sein de la famille Guadagnin de Borso. Les actes paroissiaux indiquent que plusieurs de ses représentantes sont dites “tessitrice” (tisseuse) ou “filaressa” (fileuse). Le travail de la laine est peut-être à l’origine du patronyme Follador (fouleur) porté entre autres à Borso par mon arrière arrière grand-mère Antonia Follador.
  • Un certain nombre des membres de ces familles bien établies sont devenus notaires. C’est par exemple le cas de Pietro Guadagnini ou de Giacobino Chegna. L’accès à cette fonction, qui était strictement réglementé par le collège des notaires et comportait des critères de statut social, était un signe de reconnaissance de l’intégration de la famille parmi les notables.
  • Mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière grand-mère Maria Mogno, femme de Giovanni Vedovotto, a rempli les fonctions d’ostetrice (sage-femme, désignée parfois aussi dans les actes par le terme levatrice) à Borso.Elle a sans doute mis au monde un bon nombre d’enfants, dont certains figurent dans ma généalogie, car les certificats de baptême de la paroisse de Borso montrent qu’elle a rempli ses fonctions jusqu’à un âge avancé…
  • Si certains membres de ma famille ont émigré définitivement à l’étranger, d’autres sont partis travailler un temps hors de leur village natal, y laissant leur famille, exerçant l’activité de travailleurs agricoles ou employés de maison. Jusqu’au XIXe siècle, ces saisonniers ne quittaient en général pas la Vénétie. Mais au XXe siècle, certains sont partis hors des frontières d’Italie. C’est ainsi que mon arrière grand-père Domenico Vedovotto a quitté Borso pour travailler dans la mine de charbon de Thurber, au Texas. En 1910, il y vivait chez sa fille et son gendre, alors que sa femme et ses enfants n’avaient pas quitté l’Italie. Je ne sais pas à quelle date il est définitivement revenu à Borso. Il y est mort en 1917, à 63 ans.
  • Ma généalogie compte également quelques ecclésiastiques, ce qui n’a rien d’étonnant dans la Vénétie profondément catholique.