Généathèmes,  mes ancêtres

Un doyen chez mes ancêtres

Les généathèmes proposés pour décembre par Sophie Boudarel sont “le bénévolat généalogique” et “un bonheur généalogique de l’année”.

Cet article va me permettre de combiner les deux thèmes, car le bénévolat vient de me procurer un joli bonheur généalogique !

Plantons le décor : voilà quelques jours, alors que je survolais les billets de la page Facebook ” Amici della genealogia “, je découvre l’annonce de la publication d’un travail fantastique : un ouvrage intitulé “Gente nostra” qui retrace en 800 pages la généalogie de toutes les familles de la commune de Premosello-Chiovenda au Piémont, de 1617 à 2017, construite par un dépouillement systématique des registres de baptêmes, mariages et sépultures (avis aux amateurs !…)

Rien à voir avec la Vénétie me direz-vous à raison, mais comme je rêve de pouvoir un jour faire de même j’ai lu avec attention les commentaires. Et sans surprise, aux côtés des félicitations se trouvaient des messages demandant si des initiatives similaires existaient pour d’autres communes italiennes.

Et de proche en proche, chacun y allant de son commentaire, je découvre un passionné avec lequel je partage une branche d’arbre : celle des DAL DEGAN de Gallio (province de Vicenza). Cerise sur le gâteau, il se propose spontanément de me communiquer ses découvertes, et en particulier l’origine du nom de cette famille !

Nicoletta DAL DEGAN, ma quadrisaïeule

Je sais peu de choses sur ce rameau de mon arbre : mon arrière-arrière grand-mère Maria-Maddalena FINCO, qui s’est établie à Borso après son mariage avec Sebastiano VEDOVOTTO, est née à Gallio le 21 janvier 1828. Elle était la fille de Giovanni FINCO et de Nicoletta DAL DEGAN, tous deux originaires de Gallio et qui s’y étaient unis le 4 avril 1813.
La transcription de cet acte de mariage de 1813, que j’ai reçue d’un historien local, identifie l’épouse comme :

…Niccoletta figlia del fu Bernardin quondam Zuane quondam Niccolò Dal Degan…

Ascendance de Nicoletta DAL DEGAN, ma quadrisaïeule

Cet acte m’a permis d’ajouter trois générations à la branche DAL DEGAN mais je n’ai pas (encore) pu remonter plus haut. Je profite pour lancer un message aux archives italiennes : quand les registres napoléoniens de la province de Vicenza vont-ils enfin être numérisés et publiés sur Antenati ?

Bartolomeo DALLA COSTA, l’ancêtre des DAL DEGAN

Le contact trouvé grâce à Facebook m’explique qu’il mène depuis plusieurs années une recherche sur l’origine de la famille DAL DEGAN de Gallio, à partir des actes notariés conservés à l’Archivio di Stato de Vicenza.

Ces actes lui ont permis de comprendre que la famille DAL DEGAN étaient à l’origine appelée DALLA COSTA, du nom de la contrada (quartier) de Gallio dans laquelle elle était établie. L’ancêtre le plus ancien qu’il a retrouvé à ce jour est né vers 1410 et était désigné comme Nicolò DALLA COSTA dans les actes notariés.

Parmi les descendants de Nicolò figure Bartolomeo DALLA COSTA, né vers 1490 à Gallio. Il y est décédé après septembre 1578 (date de son testament), non sans avoir contracté deux mariages et eu de nombreux enfants dont les plus jeunes sont nés alors qu’il avait plus de soixante ans. Bartolomeo DALLA COSTA était propriétaire de terres agricoles, sur lesquelles broutaient des troupeaux de moutons, et assurait également la fonction d’arpenteur.
Ses fonctions et sa longévité devaient lui conférer une certaine stature dans cette commune de montagne, si bien qu’il a été élu à plusieurs reprises “decano” de Gallio.*

La vicinìa, assemblée rurale de la Sérénissime
Du XVe siècle à l’invasion par les armées de Bonaparte, les communes rurales de la Sérénissime République de Venise sont gouvernées par les chefs de famille, réunis en une assemblée appelée “vicinìa” (en vénitien visnà ou visnado). Tous les ans ou tous les deux ans selon les communes, la vicinìa élit à sa tête un “decano.  Au sein des élus formant le gouvernement de la vicinìa figurent également le “merigo” (maire), chargé de représenter la commune à l’extérieur, et les “consiglieri” (conseillers), parmi lesquels ceux qui recueillent le plus de suffrages obtiennent le titre de “uomo di comun”. Ce conseil représente l’autorité suprême dans la commune, sur le plan administratif mais aussi pénal.
La qualité de chef de famille, qui permet de siéger à la vicinìa, est accordée aussi bien aux hommes majeurs que mineurs. Les veuves peuvent également en disposer lorsqu’elles sont à la tête de leur famille.

Bartolomeo DALLA COSTA était donc désigné à Gallio comme “il decano”, ou plutôt “il degan” comme le disaient ses compatriotes en langue vénitienne. Ses descendants ont donc été désignés par son titre, “dal degan” signifiant “(enfant) du degan”.

Toutes les familles DAL DEGAN originaires de Gallio descendent donc de ce Bartolomeo DALLA COSTA. C’est donc le cas de ma quadrisaïeule Nicoletta DAL DEGAN,  mais je ne connais pas à ce jour le chemin qui la relie à Bartolomeo. Mon contact n’a en effet pas reconstruit l’arbre de Bartolomeo jusqu’au XIX siècle à Gallio, car il descend d’un des fils de Bartolomeo qui a quitté Gallio au début du XVIIe pour s’établir dans la région de Vérone.

localisation de la contrada Costa à Gallio

Je n’ai donc plus qu’une solution : retourner chercher dans les documents de Gallio… Mais l’entraide généalogique m’a permis de découvrir un peu plus l’histoire de mes racines en Vénétie, et c’est un beau cadeau de Noël en avance.

* Le terme italien decano se traduit en français par doyen. La notion de titre attachée au terme se retrouve pour le “doyen de faculté” ou le “curé-doyen” qui siège à la tête d’un doyenné, au sein de la hiérarchie catholique.

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