Quand les parallèles se rencontrent – 2/2
Voilà la seconde partie de mon “jeu des ressemblances” entre les régions de mes ancêtres paternels et maternels : la Vénétie et la Savoie. Il est consacré aux points communs relatifs à l’histoire.
Jusqu’à l’aube du XIXe siècle, la Vénétie et la Savoie sont des états indépendants dont les territoires se sont étendus au fil des siècles. La Sérénissime République de Venise s’est formée dès le moyen-âge autour de la cité de Venise, le premier Doge étant élu en 697. Elle n’a ensuite cessé d’agrandir sa zone d’influence, son rayonnement culturel atteignant son apogée au XVe siècle. Les États de Savoie se sont constitués à compter du moyen-âge autour des possessions de la Maison de Savoie. De quelques baillis au XIIIe siècle, le territoire couvre au XVe siècle quasiment toute la Savoie actuelle, à laquelle s’ajoutent le comté de Nice et le Piémont. Malgré deux occupations françaises, le duché s’agrandit encore au XVIIIe siècle avec la Sicile, assortie d’une couronne royale et échangée plus tard contre la Sardaigne. | |
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La situation politique de ces deux états reste stable jusqu’à un événement intervenu pourtant hors de leurs frontières : la révolution française. Bien qu’ayant lieu dans un pays tiers, ce changement de régime aura des conséquences définitives sur la Vénétie et la Savoie. En septembre 1792, l’armée révolutionnaire française envahit la Savoie. En 1796, suite aux victoires de Bonaparte, Victor-Amédée III reconnaît la souveraineté française sur la Savoie et le comté de Nice. A partir du printemps 1796 les armées de Bonaparte, alors général du Directoire, envahissent l’Italie du nord. Le 12 mai 1797, le doge Ludovico Manin ouvre la dernière réunion du Grand Conseil et soumet au vote une résolution qui met fin à la république de Venise. | |
Mais si certains se réjouissent du changement de régime, l’arrivée de jacobins n’est pas appréciée de tous et provoque des soulèvements populaires. A Vérone le 17 avril 1797, jour de Pâques, se déroulent les Pasque veronesi (Pâques véronaises), au cours desquelles la population se révolte et met hors de combat plus de mille soldats français. Les représailles seront terribles et cette action accélérera la chute de la Sérénissime. En Savoie, l’application de la constitution civile du clergé provoque des mouvements contre-révolutionnaires. Durant la “guerre de Thônes” en mai 1793, plus de 3000 savoyards marchent contre la troupe française. | |
Après le congrès de Vienne, l’Autriche obtient la Vénétie et la Lombardie. La famille de Savoie récupère les zones cédées à la France mais son antagonisme avec l’Autriche s’amplifie, tandis que les prémices de l’unité italienne s’annoncent. Napoléon III s’allie finalement au roi de Piémont-Sardaigne dans la guerre d’indépendance contre les Autrichiens. En échange, il obtient la cession à la France de la Savoie et du Comté de Nice. Par un référendum, appelé plébiscite tant les résultats sont en faveur du “oui”, les Savoyards décident les 22 et 23 avril 1860 de leur annexion à la France. La Vénétie n’intègre le jeune état italien qu’en 1866, à l’issue de la troisième guerre d’indépendance et après un référendum, lui aussi qualifié de plebiscito, soumis aux Vénitiens les 21 et 22 octobre 1866. | |
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Mais le changement de gouvernement et la paix revenue ne suffisent pas à améliorer les conditions de vie des populations. La Savoie et la Vénétie connaissent toutes deux une émigration massive durant le XIXe siècle, notamment vers les Amériques, avec en particulier l’Argentine pour les Savoyards et le Brésil pour les Vénitiens. | |
Les zones montagneuses se sont souvent révélées propices aux actions de résistance durant la seconde guerre mondiale. Les partigiani de Vénétie et les résistants savoyards ont parfois donné leur vie pour la devise “vivre libre ou mourir”. Des monuments célèbrent désormais leur mémoire et leurs actions sur les massifs où ils ont combattu. | |
Depuis quelques décennies, des courants contestataires agitent la Vénétie et la Savoie. Les indépendantistes savoyards soutiennent que le plébiscite de 1860 est frappé de nullité, car il n’a pas été ratifié par le parlement de Turin, comme l’exigeait l’un de ses articles. Les nostalgiques de la Sérénissime emploient pour leur part le terme de plebiscito truffo (plébiscite truqué) pour qualifier celui de 1866. Ils affirment également que le vote du 12 mai 1797 est invalide, au motif que le quorum n’était pas atteint lors du Grand Conseil qui a décidé de la fin du régime. De part et d’autre des Alpes, certains partagent le même rêve d’une Savoie et d’une Vénétie autonomes, voire indépendantes. | |
Mais le principal point commun entre Vénétie et Savoie reste pour moi le fait que ces régions ont vu se dérouler l’histoire de mes parents, près d’une fontaine dont l’eau jaillit de la gueule d’un lion. | |
Un commento
Monique F.
Vive l’Histoire, cette magicienne qui sait remonter le temps, ouvrir le monde et faire se rencontrer les parallèles !
Merci Nat !