ancêtres italiens

Rechercher ses ancêtres italiens (3) – Au-delà des registres en ligne

Les registres italiens consultables en ligne étant encore assez rares, les sites cités dans le second article de cette série ne suffisent pas à retracer une généalogie italienne complète. L’étape suivante consiste donc à se tourner vers d’autres sources d’informations.

Sur internet

  • Explorer les sites internet des archives régionales ou provinciales, dont certains donnent accès à des bases de données, comme les listes de leva militare (jeunes hommes recensés pour le service militaire) de la période autrichienne sur les sites des archives de la province de Treviso ou de Venezia…

  • Explorer internet à la recherche d’initiatives locales, associatives voire individuelles, débouchant sur la mise en ligne du dépouillement de l’état civil de certaines communes ou paroisses.
  • Les Mormons ont numérisé plus de registres que ce qui est actuellement consultable sur internet. Ils sont consultables sous forme de microfilms et il est possible d’interroger le catalogue à partir du nom de la commune : https://www.familysearch.org/catalog-search. Si des données sont disponibles pour la commune, vous obtenez le descriptif des bobines leur référence. Le site vous permet alors de commander la livraison du(des) microfilm(s) dans un des centres agréés. Le service est payant (8,50 € par microfilm) pour une durée de prêt de 90 jours incluant l’acheminement, la bobine restant de ce fait à votre disposition au moins deux mois. Il est également possible de demander une prolongation du prêt. La visualisation se fait dans le centre où vous avez demandé la livraison, avec lequel il faut donc prendre contact pour connaître les horaires d’ouverture et réserver sa place. Les possibilités de visualisation (type de matériel) et de conservation (impression, export sur clé usb, photographie…) peuvent varier d’un centre à un autre, il convient donc de se renseigner également par avance. Certaines bibliothèques ou services d’archives sont référencés comme centres de livraison et de visualisation des microfilms.

Pour les deux premiers points, la rubrique “Liens généal’utiles – Recherches par région” de ce site liste un certain nombre de sites qui peuvent être intéressants.

Par courrier

Lorsqu’on a le sentiment d’avoir “essoré” internet de tout ce qu’il est possible d’y trouver, il reste la “bonne vieille méthode” : écrire en Italie pour demander une copie du document que l’on souhaite obtenir, par courrier électronique ou papier. Il faut néanmoins savoir que la réussite de l’entreprise est totalement aléatoire, autant en matière de temps de réponse que de résultat. En quelques demandes, j’ai obtenu un large éventail de retours, du meilleur (renvoi de la copie demandée par retour d’e-mail sans même avoir déboursé un centime ou réponse fort aimable d’une personne qui n’a rien trouvé, mais a cherché au-delà de ma demande, dans les années proches), au pire (silence total d’une commune ou d’une paroisse, qui a néanmoins conservé les timbres ou coupons que j’avais joints pour la réponse).

En résumé, il vous est impossible de savoir si votre demande sera reçue favorablement ou non. Lorsque cela est possible, l’idéal consiste donc à commencer par téléphoner pour prendre contact et “tâter le terrain”, un e-mail peut également faire l’affaire si l’on n’est pas à l’aise avec l’italien parlé. La très grande majorité des communes italiennes ont une page internet précisant leur adresse postale et électronique. Des services de traduction en ligne, même imparfaits, peuvent vous aider dans cette entreprise si vous ne maîtrisez pas l’italien (Reverso.net, bing,…). Certains généalogistes ont dit avoir obtenu un meilleur taux de réponse en écrivant directement au maire de la commune, plutôt qu’au bureau de l’état-civil (anagrafe).  Mais il n’y a là encore rien de systématique.

Les documents dont vous pouvez demander une copie, sont :

  • pour l’état-civil laïc, détenu par les communes ou les archives d’état (Archivio di Stato)
    • actes d’état-civil (stato civile) : naissance, mariage, décès
    • certificats de situation de famille (certificato di stato di famiglia ou foglio familiare) : extraits des registres de recensement, ils décrivent la composition du groupe familial :  état civil du chef de famille, de son conjoint, des enfants et des autres personnes vivant dans le foyer, profession, domicile. Si le registre a été remis à jour après sa première rédaction, il peut aussi préciser des dates de décès ou de mariage, des mentions de départ vers une autre commune ou un pays étranger…
    • copie des registres de conscription militaire (Registri degli uffici di leva), élaborés à partir de début du XIXè siècle. Attention : en Italie pour un homme la notion de “classe” correspond à son année de naissance, et non pas à l’année de son 20ème anniversaire comme c’est le cas en France.
    • publications des bans d’un mariage et documents déposés pour demander l’enregistrement d’un mariage (allegati ou processeti matrimoniali) qui sont très riches de renseignements puisqu’ils contiennent la transcription des actes de naissance des deux époux, les autorisations au mariage données par les parents ou la transcription de leur acte de décès, parfois la mention du décès des grands-parents,  des “certificats de pauvreté” qui justifient de l’exemption du paiement des frais du mariage…

La limite de confidentialité pour les données récentes est fixée à 70 ans. Les documents relatifs à l’état-civil laïc sont très majoritairement en italien, mais aussi en français ou en allemand selon les périodes et les puissances dominantes. Les registres d’état-civil sont tenus en double et dotés de tables alphabétiques annuelles et/ou décennales (indice annuale/decennale). Ils sont conservés dans les archives des communes et dans les chancelleries des tribunaux territorialement compétent (procure della republica) et ne sont, en principe, pas consultables directement (art.37 du DPR n.223/89). J’en ai fait l’expérience l’an dernier, lorsqu’un maire qui était disposé à me laisser photographier quelques pages de stato di famiglia n’a pas réussi à convaincre son inflexible employé de l’état-civil de me laisser le faire ! Les registres les plus anciens peuvent avoir été déposés par certaines communes auprès des services des archives d’état.

  • pour l’état-civil catholique, détenu par les paroisses ou les diocèses :
    • actes paroissiaux : baptême, mariage, décès et inhumation, confirmation
    • l’état des âmes (status animarum ou stato delle anime), équivalent du foglio familiare laïc, dans lequel le prêtre recense ses paroissiens avec noms, prénoms, filiation, âge et profession

L’état-civil religieux est en latin ou en italien (parfois mêlé de dialecte) et ponctué d’abréviations dont certaines peuvent être propres à un prélat et auxquelles il faut s’habituer. Il est très majoritairement catholique, mais il existe des registres protestants dans certaines zones actuellement rattachées au Piémont, qui contiennent les mêmes renseignements d’état civil que les registres catholiques. Les registres relatifs aux juifs qui habitaient les ghettos des grandes cités italiennes, dès le XVIe siècle, sont en général conservés aux archives d’Etat. Malgré la laïcisation de l’état-civil, les registres paroissiaux n’ont pas été transmis aux autorités civiles et sont restés la propriété des paroisses. Leur état de conservation et leur possibilité de consultation sont donc soumis aux contingences locales et au bon vouloir des prêtres. La crise des vocations se faisant sentir en Italie comme en France, la disparition et le regroupement des paroisses rend l’accès à leurs archives encore plus aléatoire. Certaines ont été déposées aux archives diocésaines (archivio vescovile). Ce dernières détiennent également les registres des dispenses pour consanguinité ou affinité obtenues avant un mariage.

La demande en pratique

Pour savoir à qui s’adresser (mairie ou paroisse) il faut garder en tête le calendrier de constitution de l’état italien et de la création de l’état-civil laïc. Globalement, la limite d’existence des archives laïques en mairie remonte à 1865 environ, mais les cas peuvent varier selon les régions (c.f le premier article de cette série).
En Italie, les communes sont plus étendues et moins nombreuses qu’en France. Le village de vos ancêtres est peut-être aujourd’hui une frazione, entité géographique qui possédait ou possède encore une église et une paroisse, mais qui est administrativement rattachée à une commune et n’a pas de mairie propre.

D’une manière générale, il faut formuler sa demande le plus précisément possible, avec les noms, prénoms et dates qui sont connues. Les employés de l’état-civil ne font en effet a priori pas de recherche dans les registres, ils vont là où vous leur indiquez d’aller. Si la demande est incomplète ou erronée, tous n’auront pas le temps de rechercher dans les index ou les pages voisines.

Vient ensuite la question des frais : le service est-il payant ? Quel est son coût ? Par quel moyen régler ? Là encore, il n’existe pas de réponse absolue et il vaut mieux poser la question dès le premier contact. Certaines communes ont interprété l’article 15 de la loi de finances 2012 (Legge 12 Novembre 2011 n.° 183) pour l’appliquer aux demandes d’actes des généalogistes afin de calculer les frais dus (voir l’article posté à ce sujet, sur ce blog), d’autres ne demandent que le remboursement des frais de copie et d’envoi, d’autres encore fournissent les copies gratuitement sous forme électronique… Il n’est pas recommandé (et d’ailleurs interdit) d’envoyer de l’argent liquide. Il est possible de faire des virements bancaires, mais si les sommes à payer sont minimes les frais de virement peuvent être disproportionnés. Traditionnellement, les généalogistes français optent pour le coupon-réponse international ou les timbres (de la poste italienne !). Il est de plus en plus difficile de trouver des coupons-réponses internationaux en vente dans les bureaux de poste en France, les employés affirmant même parfois que ce service n’existe plus. On peut néanmoins en commander en ligne, sur La boutique de la Poste. Les timbres italiens peuvent pour leur part être achetés à l’occasion d’un séjour en Italie, ou sur le site de philatélie de la poste italienne : Poste Italiane – Filatelia.

Si ces contacts n’ont rien donné, il vous reste quelques derniers recours :

  • Demander de l’aide sur un forum spécialisé fréquenté par des Italiens, en espérant qu’un bénévole présent sur place puisse vous épauler. Il vous faudra dans ce cas essayer de vous exprimer en italien ou en anglais. Des exemples de forums d’entraide : Tuttogenealogia, Gente di mare
  • Profiter des congés pour aller vous-même sur place, en préparant la visite par des contacts téléphoniques ou épistolaires préalables, pour ne pas trouver porte close ni découvrir au dernier moment que toutes les archives ont été détruites par la guerre ou par une catastrophe naturelle.
  • Contacter un généalogiste professionnel, spécialisé sur la zone géographique qui vous intéresse. Le site Tuttogenealogia met à disposition une base de donnée des généalogistes professionnels (professionisti) ou amateurs (dilettanti, volontari) interrogeable par région.

9 commentaires

  • Sébastien

    Excellent article !
    Pour ma part, j’ai fait pas mal d’essais par mail (région de Como), au début de mes recherches, et toujours sans réponse. Sans doute aurais-je eu plus de succès par courrier ? En tout cas, les réponses ne sont pas systématiques (un peu comme en France d’ailleurs…).
    A bientôt!

  • Rocarn

    Ciao,

    l’articolo è molto ben fatto. Riguardo il fatto di scrivere ai comuni italiani: di solito hai provato a scrivere una raccomandata o una lettera semplice?

    alcuni comuni si sono dotati recentemente della posta elettronica certificata (in realtà sarebbe obbligatoria…) puoi provare anche con questo strumento, che ha valore legale di raccomandata

    Con le raccomandate la probabilità di successo è maggiore

    • venarbol

      Grazie Rocarn per il tuo commento e per la segnalazione della raccomandata. Io aggiungo questo chiarimento nell’articolo, così i francesi cercatori di antenati italiani potranno beneficiare di questa precisione. Grazie per loro!

    • venarbol

      Après vérification, il apparaît que nombre de services officiels rejettent les e-mails envoyés aux adresses certifiées (PEC : posta elettronica certificata), hormis s’ils sont envoyés depuis une adresse elle-même de type PEC.
      Les particuliers ne doivent donc pas utiliser ces adresses certifiées.

  • Jessica

    Il est difficile de reconstruire les histoires passées… Un vrai casse-tête avant d’aboutir à un résultat. Le métier de la généalogie n’est vraiment pas fait pour tout le monde.

  • Robert Scimia

    Bonsoir pourriez vous m’aider à identifier l’origine du nom de famille Scimia l’épicentre se situe vers L’Aquila Abruzzes on m’aurait signifie quel est peut êtred’origine ottoman merci.

  • chem

    Bonjour ! Merci de tous vos articles. Je “généalogise” en amateure depuis des années, principalement en Belgique et en France. J’aimerais aujourd’hui m’atteler à la famille de mon mari, qui vient d’Italie et de Sicile … Et là je bloque car je n’y connais rien, je parle pas italiens, les archives ne sont pas disponibles en ligne, je ne connais pas la géographie etc. Par exemple comment savoir s’il faut s’adresser aux archives nationales ou aux communes ? Comment savoir si la commune visée est rattachée à une autre qui détient les archives comme vous l’expliquez ? Ces infos sont sans doute trouvables quelque part en italien mais puisque je ne le parle pas aïe aïe aïe. Cela s’annonce bien compliqué !